S'appuyant sur une enquête de terrain dans des sociétés où "l'activité sexuelle est une chose naturelle et agréable", Mead entend démontrer que les caractères sexuels distinguant hommes et femmes sont davantage le fait de constructions culturelles que du ressort de la seule nature. Ce faisant, elle remet à la fois en cause les grandes thèses de la psychanalyse quant à l'universalité du phénomène de l'adolescence et les certitudes d'une société qui condamne l'homosexualité et méprise, selon elle, les femmes.
La morale sexuelle de l'occident ne repose pas sur un ordre naturel des choses, mais sur des constructions culturelles, intellectuelles, par définition contestables. La "déviance" (homosexualité, mais aussi toute sexualité différente) n'est que relative à une société donnée, et, de là, est sans doute plus révélatrice des carences de la dite société que de l'individu considéré.
Intellectuelle engagée, Mead choque par les conclusions extensives qu'elle tire de ses recherches. Féministe, volontiers libertine, au sens où elle prône l'ouverture de la société occidentale sur les questions sexuelles, elle accompagne les mouvements libertaires de la fin des années 60 de ses écrits théoriques. Elle souligne les limites d'un modèle d'apprentissage du parent à l'enfant, décrivant une culture "préfigurative" : c'est l'adulte qui apprend de l'enfant.
Rejetée par l'Amérique bien-pensante, Mead est aussi contestée par la communauté scientifique. Arguments à l'appui, on lui reproche son culturalisme (relativisme) et des méthodologies de terrain contestables (Freeman). Il n'en reste pas moins que les sciences sociales modernes utilisent aujourd'hui plus volontiers les notions de "sexe social" ou de "genre" pour décrire les phénomènes sexuels des sociétés.
V.
“Ne doutez jamais qu’un petit groupe de gens décidés puisse changer le monde” (Margaret Mead)




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